lundi 18 mars 2024

    Les Interviews de Gernier : MakuZoku

    Pour fêter la mise au monde de Pornopolis, qui s’avéra douloureuse, due à quelques dysfonctionnements humains du site hébergeant mes livres, j’ai réalisé une interview de MakuZoku qui hante depuis quelques moments ces pages, et je vous la livre ici. Elle est agrémentée de quelques illustrations pour son propre projet. Elle est insérée dans le petit album BD, mais je trouvai intéressant de la diffuser aussi via mon blog, d’autant que ce dessinateur n’est plus très présent sur la toile et que son talent méritait bien un coup de projecteur. Comme je collabore avec plusieurs personnes, j’accueillerai d’autres artistes dans les mois à venir. C'est un format qui me plaît bien, et avec lequel je confronterais les points de vue, le tout dans une entente cordiale, loin des cris d'orfraie de la plèbe des rezosocios...

    Baghera en robe

    Pour commencer est ce que tu peux te présenter :
    Tout à fait ! Je m’appelle Maxime J., je dessine depuis que je suis en âge de tenir un crayon, et je suis passionné d’art visuel et d’histoires intéressantes.
    J’ai consacré une bonne partie de ma vie au dessin et j’adore créer des univers fictifs et les designer dans le moindre détail !
    Je suis influencé par tout un tas de choses, mais j’ai tendance à préférer les univers de fantasy et/ou sombres, mais pas que... Et, bien évidemment, j’imagine qu’on peut sentir plus d’influence japonaise qu’autre chose dans ce que je fais…
    Je suis assez discret sur les réseaux ces temps-ci, j’ai notamment supprimé plusieurs de mes plateformes, mais j’officie depuis plus de dix ans en tant que MakuZoku ! et comme beaucoup d’autres artistes, je ne suis pas très doué pour parler de moi-même, d’où la relative sobriété de cette introduction.

    J’imagine que tu souhaites que ton dessin parle pour toi… Ce qu’on abordera un peu plus tard... Commençons par ce qui nous réunit ici, qu’est ce qui t’a motivé dans ce projet d’illustrations pour le roman, et en particulier la séquence en BD Pornopolis ?
    Plusieurs choses ! Déjà, la possibilité de s’exprimer en noir et blanc, ce qui m’avait manqué, ensuite, l’univers singulier du sieur Gernier, même s’il est assez éloigné de ce que je fais en ce moment, ne m’est pas étranger ! J’ai donc la possibilité d’être assez libre dans ce que je vais faire, notamment grâce à la relative flexibilité qui m’est accordée.
    Qui plus est, l’univers de Pornopolis a été pensé dans les moindres détails, et il faut arriver à le mettre en image de façon singulière sans dénaturer la vision de l’auteur, ce qui peut être un vrai défi à relever, là où ça devient intéressant, c’est que l’auteur en question donne des directives, mais laisse aussi une certaine liberté. Quant à la BD, c’était quasiment un challenge, qui pouvait faire peur au départ, j’ai donc hésité un peu avant de « m’engager » : est-ce que j’en serais capable ? Est-ce que j’arriverais au bout ? La réponse est oui, mais voilà un projet qui m’aura aussi permis d’apprendre en tant qu’artiste, en plus du plaisir de la collaboration artistique, quelque chose que j’avais laissé tomber depuis longtemps. Quitte à collaborer, autant que ça soit avec quelqu’un dont on apprécie les récits.
    J’ai en plus pu m’essayer au style « anthropomorphique », quelque chose que j’avais peur d’essayer, tant ce n’était pas mon domaine de prédilection, mais l’expérience fut enrichissante et j’aimerais continuer d’expérimenter dans ce domaine. 

    Baghera en Chemise

    Une des choses qui frappent dans ton dessin, justement, c’est son côté très expressif, en particulier au niveau des corps que j’apprécie beaucoup. D’où te vient cette patte très particulière ?
    Je ne sais pas trop si on peut parler de style, j’essaie juste de faire des anatomies correctes dans un premier temps... ensuite pour les visages et leur expression, j’imagine que j’essaie de faire des perso avec des visages un minimum expressif c’est sûre... ça ne sert à rien d’essayer de trop baser son dessin sur la réalité, la stylisation, c’est la vie ! La réalité c’est parfois décevant et rigide aussi.
    D’où ça me vient, d’où ça me vient... des mangas, mais pas que... Il y a aussi certains classiques franco-belges qui ont dû m’influencer, j’imagine... je suis un peu inspiré par tout ce qui me plaît...

    Ce style assez assuré et reconnaissable entre mille, est sûrement affûte par quelques années de pratiques. Est-ce que tu peux nous en toucher un mot sur ton parcours artistique ?
    Je ne savais pas que mon style était reconnaissable entre mille… C’est bon à savoir !
    Et bien que dire ? C’est une histoire assez banale, comme beaucoup de gens, je dessine depuis que je suis en âge de tenir un crayon, et je n’ai jamais arrêté… C’est le cas pour plein de dessinateurs…
    Bon… J’ai quand même passé quelques années la tête dans le guidon à ne faire que ça, notamment sur d’anciens projets à grands coups de douze heures par jour et tutti quanti, à grands coups de boisson hyper caféinée... Mine de rien ça marche bien, il doit se produire quelque chose au niveau neuronal, une porte cosmique vers la mer des idées ou je ne sais quelle Lyncherie...
    Ah oui, le parcours… J’ai toujours été attiré par les univers visuels, dès mon plus jeune âge… Je crois que le fait d’être inspiré par des choses que l’on voit, et d’avoir envie de créer aussi, ça a toujours été là… je me demande d’ailleurs si c’est pareil pour tout le monde…
    En tout cas, c’est un truc que pas mal d’artistes partagent, je pense. Aaaah ! L’inspiration… Aussi insaisissable que le petit chat qui a compris qu’on essaie de l’emmener chez le véto.
    Ah oui, je me dois de mentionner que j’ai été assistant-mangaka sur quelques tomes de la version manga des Mystérieuses Cités d’Or parue chez Kazé Éditions, vu qu’apparemment, certaines personnes de ma propre famille lisent ce manga et ne me croient pas quand je précise ce détail ! Pourtant il y a mon nom dedans ! C’est honteux ! La jeunesse n’est plus ce qu’elle était !

    Luzen
     

    À part les collaborations, tu as des projets plus personnels, est-ce que tu peux nous en parler ?
    Pourquoi pas ? Même si ces derniers temps, j’aurais plutôt envie de progresser dessus plutôt que d’en parler !
    En fait des « projets », comme nombres de gens, j’en ai pas mal, même si ce terme de « projet » est un peu maudit, il faut l’avouer...
    Je dirais qu’au bout d’un moment j’ai décidé de me focaliser sur UN projet, qui est d’ailleurs un reboot...
    Bref ce reboot d’un ancien projet  pour s’amuser est devenu mon projet principal, dingue, non ?
    Tout ça pour dire ! En le rebootant cette ancienne histoire et en faisant quelque chose de « nouveau », un univers où je peux m’amuser à peaufiner le moindre détail, je réalise un petit peu un rêve d’enfant, étant donné que j’utilise des concepts que je rêvais d’utiliser depuis toujours. Ne serait-ce qu’en bossant sur ce reboot, j’ai énormément appris, à tous les niveaux ! D’ailleurs, je continue d’apprendre, et vu que ce projet est loin d’être finalisé niveau écriture, j’avoue que je suis encore dans la phase de « préproduction »... La bonne nouvelle, c’est qu’il y a des gens très sympas qui m’aident, me donnent des retours, etc.
    Un jour j’aimerais quand même faire une sorte de « making of », compiler tout ça dans un artbook ou autre, que ça soit les concepts art ou tout ce qui est lié à la création d’un projet comme celui-ci, je ne sais pas, détailler le processus créatif, etc., mais pour cela, il faudrait commencer par arriver au bout et finir tout ça !

    Effectivement, je n’aurais pas dû employer le terme « projet »... Ce mot a été marqué par le sceau de l’infamie... Du coup, on la voit beaucoup quand on s’intéresse à ton travail, est-ce que tu peux nous parler de cette fameuse Sangria. Qui est-elle, d’où vient-elle, dans quel état est-ce qu’elle erre ?
    Sangria ? Connais pas ! Si tu étais mieux informé, tu saurais que son nom de code est « Tequila » ! D’ailleurs, j’ai enlevé la quasi-totalité de Sangria de mes réseaux... il subsiste malheureusement des restes de l’ancienne version, qui datent de 2011 à 2017... ça serait dommage que les gens pensent que c’est de ça qu’il s’agit... la nouvelle version est tellement différente, c’est le jour et la nuit ! Mais je ne peux rien montrer, tout est dans mon PC !
    Qui est elle ? Une héroïne d’un manga que je fais, elle lui donne son nom au passage !
    D’où vient-elle ? Alors là ! Elle vient de mon imagination, mais surtout elle revient de très très loin ! L’ancienne version étant obsolète, je n’ai pas trop envie d’en parler, c’était très amusant à faire, mais ça appartient au passé.
    Dans quel état est-ce qu’elle erre ? Alors là tout de suite, elle erre dans un monde SF et fantasy, que certaines personnes qualifieront par réflexe pavlovien de « steampunk » même s’il n’en est rien... Un monde sur lequel j’ai passé et je continue de passer encore beaucoup de temps, pour offrir à mes futurs lecteurs une échappatoire à la triste réalité du monde moderne ! Bon j’exagère un peu... J’espère cependant que la quantité de mystère et de choses étranges qui habitent le monde de Sangria déclencheront quelque chose chez les futurs Sherlock Holmes (j’ai bien dit que je n’avais pas peur des mots ?) qui tenteront de déchiffrer ces mystères !
    Donc Sangria erre dans un état fébrile, dans un monde plein de mystère... et ravagé par la guerre
    En plus de ça ! Ça promet ! 

    Young Baghera with Motorblade

    Je te remercie pour tes réponses ! Est-ce que tu as un mot de la fin ?
    Certes ! mais on m’annonce qu’il n’y a déjà plus de place pour la mise en page, du coup je serais aussi court que bref... lisez Pornopolis ! 

    dimanche 17 mars 2024

    Les Aventures d'Ethel Arkady : Pornopolis : Akemi Himiko

    Il y a des rencontres qui se concrétisent parfois en une collaboration durable. Celle avec l’artiste MakuZoku est de celle-là. C’est qu’à l’origine, Pornopolis était un scénario de BD (de cul, forcément), avant d’être refondue en un très long roman. Mais mes obsessions graphiques ne me lâchant pas, j’ai voulu qu’à l’instar des Chroniques de Yelgor, Pornopolis soit illustré. Tout comme le genre de la fantasy, je pense que la pornographie se marie à merveille avec le dessin. Bien plus que la photographie (ou même le cinéma), le trait de pinceau vibrant procure, selon moi, un supplément d’érotisme à l’histoire.

    Doutant de ma capacité à conférer un quelconque charme à mon style anguleux, même si je m’engage à réaliser l’une ou l’autre illustration, j’ai tout de même contacté quelques dessinateurs. J’admirais depuis quelques années déjà la sensualité de ses créations de MakuZoku et j’ai sauté le pas d’un mail, sans espoir cependant. Celui-ci a eu l’extrême amabilité de me répondre et nous avons entamé un galop d'essai mettant en scène la rencontre houleuse entre Ethel Arkady et Magda la Reine Rouge.

    Depuis, nous avons entrepris une longue correspondance, laquelle a amené sur la table l’idée de réaliser une courte de BD pour le personnage d’Arkady, que MakuZoku apprécie, ce qui tombait assez bien, puisqu’un des chapitres requérait, à mon sens, une approche plus graphique que littéraire. Nous nous sommes mis d’accord sur les modalités de réalisation, puis, dans un ping-pong de mails qui aura duré un an, je lui ai envoyé mon scénario, planche par planche, puis il m’a répondu par des croquis reprenant mes délires en les ajustant à sa vision.

    Le plaisir que j’ai éprouvé à voir s’animer des scènes est indescriptible, d’autant que le trait vif de MakuZoku apporte une touche unique à l’ensemble. Il m’a aidé à mieux cerner Akemi Himiko lui adjoignant une gestuelle aussi gracieuse que maniérée. Même si elle intervient au début du second tome, cette scène de séduction brutale entre les deux femmes est devenue une de mes préférées. On y trouve toute la rouerie gourmande d’Himiko tandis que la folie furieuse d’Arkady explose dans certaines cases.

    Bien qu’étant intégré au second volume, j’ai mis en page la BD dans une version séparée, trop heureux de pouvoir la proposer à d’éventuel lecteurs, tant elle est dans son ton sans cesse changeant et dans sa dynamique, très proche de ce que j’ai en tête quand j’imagine les récits de ma chère Ethel Arkady… 


    Extrait : 
    « Comme il y a déjà eu pas mal d’aperçus de cette BD sur le blog, je vous recommande d’aller ici, ici, ou encore ici pour vous faire une idée… »

    dimanche 25 février 2024

    Les Aventure d'Ethel Arkady : Verdun - 1916

    Malgré plusieurs projets autour d’Ethel Arkady en court, je me suis dit que j’avais besoin de nouvelles images pour assurer la promotion de mes récits. 

    Comme la collaboration avec MakuZoku se déroule bien, je lui ai donc demandé une illustration un peu décalée du reste, avec comme choix, le personnage à différentes étapes de sa longue existence. Celui-ci a fixé son dévolu sur une période assez sombre – et que je n’ai pas encore exploré – de son existence : son passage en France, à Verdun en 1916.

    Afin de sauver les graines de son amie Florès Altadis, Arkady traversera le no man’s land pour récupérer les bébés dryades et les tirer de la folie des hommes. Démunies, dépouillée de ses pouvoirs, la féline aura fort à faire pour s’extirper de ce bourbier hanté par des vampires que les horreurs alentours ont rendu frénétiques.

    Comme pour d’autres histoires, ainsi d’Ethel Arkady & les Insectes, je possède déjà un synopsis complet pour celle-ci, mais je ne l’ai pas encore développée celle-ci. Je pense que je la rédigerai dès que j’aurais achevé un des récits en court. Placer mon héroïne favorite dans le rôle inhabituel d’une protectrice, doublée d’une mère adoptive de circonstance s’avérera être un intéressant défi de narration et d’exploration de sa psyché torturée et paradoxale.

    En tout cas, je suis très heureux de cette magnifique illustration.